Les arlésiens

Trimestriel n°26

Arles a un double visage. D’un côté, il y a la ville de Mistral, de l’autre celle de César et de Constantin.

En décembre dernier, de nombreuses fillettes ont jeté, expression consacrée, leur bonnet par-dessus les moulins. Elles se coifferont désormais d’une cravate, c’est ainsi que l’on appelle la coiffe des mireilles, sur des cheveux relevés. Ce faisant, ces enfants ont fait leur entrée dans un monde exigeant, celui du costume et d’un certain art de vivre. Au fil du temps, ceux-ci devraient les amener à porter ruban et robe d’Arlésienne. Comme en 2010, le nom des Mireieto a été consigné dans un registre spécial conservé au Museon Arlaten, véritable conservatoire des coutumes. Il faisait froid et nos mireilles se blottirent frileusement sous leur châle pour danser la farandole au pied du monument de Mistral. Ce qui n’est pas sans rappeler d’autres mireilles qui, avec le groupe Escolo Mistralenco, défilèrent dans les rues de Verviers. Comme de quoi selon Viviane, un hiver arlésien vaut bien un printemps belge !

« Au coeur de l’histoire », Jean-Claude Golvin est architecte et aquarelliste. Il est aussi un passionné de la cité antique que son pinceau magique tire des limbes. En faisant don de sa collection au Musée bleu, il a permis aux Arlésiens de découvrir à quoi ressemblaient vraiment les monuments qu’ils ne connaissent qu’en ruines et fragments et surtout comment ils fonctionnaient. À l’époque dans toutes les agglomérations dignes de ce titre, les édifices publics sont nombreux. Arles disposait d’un forum, d’un cirque autrement dit hippodrome, d’un amphithéâtre, d’un théâtre, de bains. Si le tout date de différentes périodes, il n’en demeure pas moins vrai qu’il y a eu dès les origines, en Arles, un plan urbanistique rigoureux et tout à fait remarquable. Le forum était le lieu où l’on traitait des affaires et de la chose publique.


Dans le cirque se tenaient les courses. Il était situé non loin du port ancien et à proximité de l’actuel Musée bleu où se trouve le buste de César. Les thermes étaient indispensables à l’exercice du quotidien. Arles en comptait trois dont les plus célèbres sont ceux de Constantin enfin rouverts au public. Pour les gens de ce temps, l’hygiène corporelle était vertu. Ne serait-ce que pour ne pas être dévorés par les poux et les puces dont il était difficile de se débarrasser. Dans le Théâtre antique, on jouait surtout la comédie. On l’aimait grasse. Il s’y déroule aujourd’hui de nombreuses festivités dont, sous fond de colonnes, la passation de pouvoirs entre les différentes reines. Quant à l’amphithéâtre construit sur le modèle du Colisée, il sert d’arènes. Ici aussi, les restaurations battent leur plein. Ce qui n’empêche la tauromachie de rassembler de feria en feria tous les amateurs. Chez nous, on a le taureau dans le sang ! Ceci dit, la course camarguaise ne comporte pas de mise à mort et qu’elle est jeu où hommes et bêtes prennent volontiers plaisir.




J.-C. Dufau (en Arles)














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Trimestriel n°25

«Le Lien» retrace désormais les activités du Comité de Jumelage Verviers-Arles. L’éditeur Hubert Nyssen, le plus Arlésien des Belges n’est plus. Le froid a pris canaux et roubines. En Camargue, chevaux et bious n’ont pu s’abreuver tandis que les flamands roses ont été menacés de famine.

Alix a pris en charge la rédaction du «Lien», bulletin qui, dorénavant, unira les membres du comité arlésien. Myriam Knauer et Christian de passage en Arles en ont ramené un exemplaire. Il traite de l’élection de la Reine Astrid en mai. Ensuite des «Retrouvailles des jumelages francophones» à Liège au mois de juin et enfin de la Journée des Associations avant celle du Goût.

« La première des ces deux dernières, y lit-on, s’est déroulée dans le froid et la pluie. Vous devez penser que nous n’y avons pas vu beaucoup de monde. Vous vous trompez. Un nombre important de Belges en promenade sont venus nous questionner sur le jumelage et nous ont invité dans leurs régions respectives. Quant aux Arlésiens, nous leur avons distribué de nombreuses brochures d’information sur Verviers.

Lors de la seconde, nous proposions une assiette de frites et saucisses, quelques gaufres. Le mistral a essayé de nous empêcher d’y participer mais nous avons fait de la résistance. Le vent soulevait la poussière qui s’infiltrait partout. Durant midi, M le Maire accompagné par Florence Rivas, notre déléguée aux jumelages, est venu rendre visite à tous les membres du club. Il a constaté à quel point les conditions étaient difficiles et nous a proposé de nous installer place de la République. Sitôt dit sitôt fait, et grand bien nous en a pris car là, du soleil, très peu de vent, du monde et nous avons continué à faire déguster quelques produits dont «notre» sirop de Liège. Enfin, lors de notre traditionnel vide-greniers, nous avons pu récolter quelques sous pour les festivités du quarante cinquième anniversaire en avril à Verviers.

Alix

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Trimestriel n°24

L’été en Arles est torride. Cela n’empêche pas les Arlésiens de fêter le costume, d’assister aux « cocardes » dans les arènes Cette année, ils couronnaient une Reine tandis que une nouvelle ambassadrice du riz franchissait le Rhône.


Les feux de la St Jean s’allument partout en Europe. En Arles où tradition plus que jamais oblige, ils arrivent par relais du Canigou qui, de ses 2785 m, domine le Roussillon, autrement dit la partie française de la Catalogne. C’est bien sûr, sur les Lices, chants, danses et un grand rassemblement de costumes.

Suit la Pégoulade où on les célèbre dans un grand défilé nocturne. Cette année, le Comité des Fêtes avait eu l’heureuse idée d’inviter des Moldaves, des Péruviens ainsi que des Catalans. Tous firent éclater sur leur passage, les bravos. Les Arlésiennes, les tambourinaires et les gardians en eurent leur part. C’était merveilleux de spontanéité et de joie partagées. Le lendemain au Théâtre antique, ce fut le couronnement de la 21e Reine d’Arles, Astrid Giraud. Son vibrant discours fut fort remarqué sur des gradins absolument bondés. Il en fut de même dans les arènes où se disputèrent cocardes d’argent et d’or sur fond de spectacle haut en couleurs. Quant à l’abrivado des Bernacles d’où les taureaux parcourent quatorze kilomètres dont une partie dans les rues d’Arles, il remporta son habituel succès. C’était à qui tirerait sur la queue du pauvre biou.

Chez nous, la vie se déroule au rythme des férias. Celle des Prémices du riz est tout à la fois écologique, économique et humanitaire. Dans le delta, 2000 personnes travaillent dans la filière du riz, une culture engagée car il s’agit de nourrir une bonne part de l’humanité en évitant toute spéculation financière. La riziculture avec ses millions de m3 d’eau douce déversés en Camargue viennent au secours d’une faune et flore dont l’équilibre est très fragile. Le riz a une ambassadrice nommée pour deux ans. C’est ainsi qu‘Élodie Allerdo en est devenue la 16e. Sa famille fait partie depuis cinq générations du paysage du delta du Rhône. Autre grand moment, le Corso des Prémices où les chars illustrent notre patrimoine. Le gagnant représenta l’apparition de St François au couvent des Franciscains de Trinquetaille au XIIIe siècle. La Confrérie du Riz intronisa de nouveaux membres. À quand des contacts avec la Vervi-Riz et sa splendide tarte ?

Les arènes, c’est aussi les jeux du cirque. Entendez du cirque romain. Arelate remplit les Lices de toges et péplums tandis que les gladiateurs s’équiperont désormais dans la boutique Acta sise en l’Espace Van Gogh. Les rétiaires ne risquent donc plus de devoir emprunter au Musée Renier la seule protection qu’on leur reconnaissait au combat. Ils affrontaient en effet les mirmillons armés eux de pied en cap, sans casque et sans bouclier, pourvus d’un trident et d’un filet de pêche. Leur bras gauche seul était protégé d’un gantelet, d’un brassard et d’une épaulière. Cette dernière se prolongeait par une sorte d’appendice mettant plus ou moins la tête à l’abri.

Ce «galerus» est rare et même très rare. Du IIe siècle ap.J-C., et bien que trouvé à Theux, il est inscrit au patrimoine de notre ville jumelle de fondation galloromaine.



J.-C. Dufau (en Arles)
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Trimestriel n°23

Jean-Claude Dufau a vécu lui aussi l’événement que constituent l’élection d’une Reine et surtout pour lui, aficionados bon teint, la Fête des Gardians.

L’ovation éclate, énorme lorsqu’en ce 1er mai, la XXIe Reine d’Arles, Astrid Giraud apparaît au balcon de l’Hôtel de ville accompagnée d’Hubert Yonnet, Président du jury pour l’élection et d’Hervé Schiavetti maire d’Arles.


Arle, veici ta Rèino, annonce le premier magistrat à la foule qui se presse sur la place de la République autour de l’obélisque antique. Point d’eau dans la fontaine, mais une “mireille” et sa petite soeur en béguin y vendant le traditionnel muguet. Le moment est toujours d’une très grande émotion que partagent tous ceux qui l’ont attendu des heures durant. Aux premières loges bien sûr, les représentants du comité verviétois invité par son pendant arlésien. Dans l’embrasure du balcon au Club des jumelages, Jeannette avait installé une chaise tandis qu’Élyette pointait ses jumelles pour n’en rien perdre. À l’intérieur, Pierre Houchot, dit le Papé, membre d’honneur du Comité belge offrait le champagne à ce que m’a raconté Viviane et avec Yvonne Giet-Lebeau, il leva son gobelet à la santé d’Astrid. Sortant d’une opération aux yeux, je n’avais pu être de la partie ni vraiment sur le terrain lors de la Fête des Gardians dont le patron est St Georges. Sa Confrérie, fondée en 1512, est à la veille de son 500e anniversaire.

Selon la tradition après la messe célébrée à la Major, l’Antico Counfrarié défila au petit trot de ses camargues, dans les rues de la ville, Arlésiennes et “mireilles” en croupe avant de se regrouper et mettre pied à terre face à l’Hôtel de ville. L’ après-midi eut lieu les jeux gardians dans les arènes : comme essayer de ravir à l’autre son brassard, prendre une pomme d’or sur un plateau tendu par une jolie dame en costume, faire mordre la poussière à un jeune taureau...Enfin, le public eut droit au carrousel des amazones et assista à une transmission de pouvoirs entre l’ancien et le nouveau capitaine de la Nacioun Gardiano. Selon la tradition, Hubert Yonnet, son président, remit le drapeau de la Confrérie à Jean-Pierre Durrieu sous de vibrantes acclamations, car au vu de son âge, ce pourrait être pour la dernière fois.

J.-C. Dufau (en Arles)












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Trimestriel n°22

Mireieto et camargues, Arles chouchoute ses traditions, quitte même à en introduire une nouvelle.

Pour survivre les traditions doivent s’entretenir et être soutenues par de jeunes adeptes. Nos pitchounes avaient toutes dix ans, l’âge où, en Provence, le béguin de l’enfance était jadis remplacé par la coiffe de mireille portée jusqu’à l’adolescence. C’est alors que devenues femmes, elles pourront endosser la tenue d’Arlésienne. Jusqu’ici, le rite se pratiquait au sein des familles sans tambourin ni trompette. Le Comité des Fêtes en a, en cet an de grâce 2010, décidé autrement. Il a officialisé la cérémonie, point de départ de ce qui pourrait devenir une véritable tradition.

C’est ainsi que 85 fillettes sont passées devant M. le Maire en jetant leur bonnet par dessous les moulins. Temps des enfants, la période calendale choisie pour l’événement s’ouvrait avec sa froidure mais aussi ses odeurs de cannelle, de girofle, de fleurs d’oranger, d’anis dans la perspective de Noël. On dansa la farandole au pied de Mistral. On entendit la pastorale à St Trophime et dans la Salle du Conseil de l’hôtel de ville bourrée à craquer, la vingtième Reine d’Arles Caroline Serre arborait une robe bleue en velours copie de celle qu’Angèle Vernet, première des gentilles souveraines de troisième ans portait en hiver. La 21e est apparue le 1er mai dernier au balcon de l’Hôtel de ville d’où nous la contemplions.

En Camargue, le camargue fait tout. Il porte son cavalier avec ou non, une jeune personne du sexe, derrière lui. Il rassemble le bétail et dans l’arène court le taureau. De quoi en faire un Salon. En février dernier, on a donc pu admirer au Mas de la Cure, face au château d’Avignon, cinquante chevaux blancs rivalisant dans différentes démonstrations dont le tri des bioux. Cependant le camargue se rencontre également dans des compétitions classiques tel le saut d’obstacle. Sa polyvalence, sa rusticité, sa vivacité lui ont permis de passer les frontières et non plus de se cantonner à sa région natale.

Crin blanc serait fier de ses rejetons et il va de soi que seul un camargue est jugé digne d’être mené par l’Ambassadrice du riz et surtout, surtout de promener la Reine dans toutes les rues d’Arles. Le 1er mai dernier, les Arlésiens en ont élu une nouvelle. Le Comité de jumelage Verviers-Arles était présent pour l’occasion. Qui sera, des sept demoiselles retenues, la favorite du jury ? On sait tout mais on dit rien ! En attendant le Jour J, Adélaïde, Laura, Julia, Charlotte, Astrid, Angélique et Pauline se sont entraînées ferme au Mas de la Cure à chevaucher en croupe. Ce qui d’ordinaire n’a rien d’évident. Alors quand on est en robe de soie et de dentelles...

J.-C. Dufau (en Arles)













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Trimestriel n°21


César a tenu la vedette au Musée bleu en faisant à lui tout seul 400.000 entrées. De plus un demi-million de personnes aura visité cet été deux sites majeurs, le Théâtre antique et les Arènes. Qu’en sera-t-il du jardin Hortus et des nouveaux trésors du Rhône dont un chaland ?

Le jardin d’agrément romain, Hortus, a été inauguré à l’occasion des Journées du Patrimoine. De nouveaux aménagements sur les quais de la Roquette, une piste cyclable passant sous la quatre-voies permettent un accès facile à cette zone verte initiant au mode de vie des Romains et bien sûr des Arlésiens à l’époque de Pline le jeune.

Les écrits de ce dernier ont inspiré les botanistes contemporains en leur donnant de précieuses indications sur ce que ses compatriotes plantaient pour le plaisir, la cuisine et la santé. Conçu comme un hippodrome végétal, Hortus invite à la détente mais aussi à une meilleure connaissance de la vie des anciens. Chaque division de ses 5.000 m² illustre un thème de leur vie quotidienne pas toujours drôle. En effet, non loin de l’endroit où fut trouvé le buste de César, un bateau gît. Qu’est-il arrivé à son équipage, pourquoi coulat-il ? Le saura-t-on après l’avoir renfloué ?

Le bâtiment servait à réaliser la rupture de charge entre les transports maritimes qui ne pouvaient remonter le Rhône jusqu’à Lyon et les péniches aptes à le faire. L’épave mesure 31 mètres de long avec une proue de 20 cm de largeur d’une forme spéciale non encore répertoriée. Tirée de l’eau et démontée planche par planche, ses bois seront spécialement traités afin qu’au contact de l’air, ils ne se transforment en poussière. Reconstituée, la barge mettra le cap vers une nouvelle aile du Musée bleu. Une enveloppe de six millions d’Euros doit y être affectée car il s’agit de la première embarcation romaine remontée du fleuve.(...)

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J.-C. Dufau (en Arles)